vendredi 1 février 2013

Culture : La Nha nhac ou musique de la Cour de Huê

La Nha nhac, musique de la cour de Huê, est considérée comme la musique de la dynastie des Nguyên (1802-1945). La Nha nhac était joué lors des cérémonies importantes de la cour, comme les rituels Nam Giao, Xa Tac, la cérémonie du couronnement, les félicitations pour la longévité du roi et les cérémonies de réception des ambassadeurs. Cet art a été reconnu par l'UNESCO comme patrimoine oral et immatériel de l'humanité.

La Nha nhac est un genre musical royal avec des paroles précieuses accompagnées de danses fastueuses. Elle symbolisait l'éternité du pouvoir royal et la prospérité de la dynastie, c’est pourquoi les dynasties monarchiques ont toujours fait grand cas de cette forme musicale. Selon les annales historiques, cette musique est née sous la dynastie des Ly (1010-1225) et a prospéré jusqu’à la dynastie des Nguyên (1802-1945), la dernière de l’histoire féodale du Vietnam. La Nha nhac des Nguyên a été appelé « musique de cour de Huê », car cette dynastie a fixé sa capitale à Huê où elle est restée pendant 143 ans, jusqu’à sa chute en 1945.




 Photos de musiciens et de l’orchestre de la cour de Huê sous la dynastie des Nguyên.


Les derniers artistes de Nha nhac de la dynastie des Nguyên.

Représentation de Nha nhac à Ngo Môn (« la Porte du Midi ») à Huê.

L’ancien théâtre Duyêt Thi Duong, dans la citadelle impériale de Huê.

La Nha nhac au théâtre Duyêt Thi Duong.

Une soirée artistique en l'honneur de la Nha nhac, patrimoine oral et immatériel de l'humanité.

Grâce au fort développement socioéconomique, les rois Nguyên accordaient beaucoup d'attention à la Nha nhac. À cette époque, des programmes regroupant des centaines d’oeuvres étaient soigneusement compilés par le ministère des Rites. Par exemple, le Rituel Nam Giao comptait 10 programmes portant le script "Thanh" (succès) ; le Rituel Xa Tac en avait sept avec le script "Phong" (bonne récolte) ; le rituel Miêu, neuf, avec le script "Hoà" (harmonie) ; la grande cérémonie Dai Triêu, cinq, avec "Binh" (paix) ; la cérémonie Van Tho, sept, avec le script "Tho" (longévité) ; et le Dai Yên (grand banquet), cinq, avec le script "Phuc" (bonheur)...

Selon le livre "Khâm Dinh Dai Thanh Hôi Diên Su Lê", publié en 1908, les instruments utilisés pour la musique de cour vietnamienne à la fin du 18e siècle comprenaient un tambour, des castagnettes, deux flûtes de bambou, un luth à trois cordes, un violon à deux cordes, un luth en forme de lune, un luth en forme de poire à quatre cordes et trois cymbales de bronze.

La musique de cour de Huê était généralement accompagnée par la danse de cour. Il y avait beaucoup de danses de cour sous la dynastie des Nguyên, on peut citer les danses du dragon, du lion, de la tortue et du phénix, la danse lanterne, la danse de l'éventail, celles des « huit fées en voyage sur mer », des « huit fées en voyage dans les nuages », « des deux généraux conduisant des soldats au combat »... Les danses les plus remarquables étaient Luc Cung hoa dang (« six offres cultuelles aux lanterne en forme de fleur ») et Lân mâu xuat lân nhi (« un lionceau est né par sa lionne-mère »). Toutes les danses avaient une grande valeur artistique et quand elles étaient combinées avec la Nha nhac, le spectacle était grandiose.

Selon le Professeur Hoàng Chuong, directeur du Centre de recherche et de préservation de la culture folklorique vietnamienne, « les artistes de Nha nhac sous la dynastie des Nguyên jouaient régulièrement pour le roi, et devaient s’entraîner sans relâche ».

Outre le développement du répertoire de la Nha nhac, de ses styles et de ses formes, les rois Nguyên accordaient une attention particulières à la construction de théâtres pour les représentations. Le plus célèbre était le Théâtre Duyêt Thi Duong, dans le palais royal, et celui de Minh Khiêm Duong, dans le mausolée de Tu Duc. Même dans la résidence du ministre Dào Tân, l'ancêtre du Tuông (théâtre classique), il y avait aussi un théâtre nommé Mai Viên...

A la fin du 19e siècle, lorsque le pays subit l'invasion étrangère, le pouvoir de la dynastie des Nguyên s’affaiblit, et la musique de cour part à vau-l’eau. En 1945, à la fin de la dynastie, il n’existe plus que deux orchestres : Dai nhac (batterie, trompette, tocsin et cymbales) et Tiêu Nhac (tambours, luth en forme de poire, violon à deux cordes, luth à trois cordes, flûte et castagnettes). 
Après 1975, le gouvernement vietnamien, le ministère de la Culture et de l'Information et les dirigeants de la province de Thua Thiên-Huê ont décidé de tout faire pour conserver la Nha nhac. Le 7 novembre 2003, la musique de la cour de Huê a été reconnue par l'UNESCO comme patrimoine immatériel et oral de l'humanité.

L'UNESCO a notamment déclaré: "La Nha nhac est un art musical raffiné... Parmi tous les genres de musique traditionnelle vietnamienne, la Nha nhac a atteint une dimension nationale. La Nha nhac existe depuis le 11e siècle. Sous le règne des Nguyên, elle a atteint son niveau le plus élevé."

Aujourd'hui, la musique de cour de Huê n'est pas seulement un trésor précieux de la nation vietnamienne, mais aussi un patrimoine de l'humanité. Nul doute que cet art sera préservé de manière efficace. Ensemble avec les autres patrimoine culturel et naturel au Vietnam, elle contribuera à affirmer la position du pays dans la région et dans le monde.

De paire avec l’ensemble des vestiges de l'ancienne capitale Huê, reconnue par l'UNESCO comme patrimoine culturel mondial en 1993, la musique de cour contribuera à faire de Huê un grand centre culturel et touristique. La préservation de la Nha nhac restera toujours étroitement attachée à la préservation et au développement des valeurs de l’ancienne capitale royale.

Source : VNP




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