Il était une fois une dame méchante au nom de Thanh Dê. Elle était impitoyable envers les pauvres et surtout envers les mendiants. Elle ne faisait jamais aumône et chassait tout mendiant qui se présentait au portail de sa maison.
Elle n'hésitait à piétiner des grains de riz, recueillis par les pauvres paysans s'échinant à longueur d'année sur leurs terres. Elle se moquait des bonzes et des bonzesses en cherchant à rompre leur quiétude. Elle blasphémait Bouddha, méprisait les esprits et offrait à la pagode des victuailles de jeûne auxquelles elle avait mêlé des aliments carnés.
Malgré les conseils de son fils Muc Kiên Liên qui fut un bonze de haute vertu, elle ne l'écoutait guère. A sa mort, elle rejoignit le Royaume des Morts et dut payer ses fautes commises dans le monde des vivants: s'asseoir sur un lit à clous, porter sur la tête un seau rempli de sang, rester affamée et assoiffée car tout aliment qu'on lui mettait dans sa bouche se fondait en sang et se muait en flamme.
Muc Kiên Liên, une fois l'illumination atteinte, put descendre dans le Royaume des Morts pour voir sa mère. Il fut témoin des châtiments qu'elle encourut. Il ne put rien pour changer le cours justicier du décret céleste et ne put pas non plus se substituer à sa mère. Il fut obligé d'aller voir Bouddha et demanda grâce à ce dernier.
Celui-ci lui ordonna d'organiser au 15ème jour du 7ème mois lunaire, la cérémonie de Vu Lan, au cours de laquelle il pourrait solliciter la remise de peine pour sa mère avec les prières et l'aumône. De retour sur terre, Muc Kiên Liên, le jour venu, dressa un autel en hommage à Bouddha tout en faisant aumône et cérémonie bien austère et fervente.
Thanh Dê, dans le Royaume des Morts, prit conscience de la souffrance comme elle fut sensible à la faim et à la soif. Les difficultés qu'elle rencontrait l'amenaient à se départir au fur et à mesure de sa nature méchante et à connaître le remords. La piété de Muc Kiên Liên remua la porte du Ciel.
Le père céleste réexamina le cas de Thanh Dê, constata qu'elle avait pu se répentir et l'acquitta. Il fut permis à Muc Kiên Liên de descendre dans l'enfer ramener sa mère à la vie. Depuis lors, Thanh Dê, de tout cœur, honora Bouddha, respecta les bonzes, secourut les pauvres.
En s'inspirant de cet exemple, les enfants pieux, selon la coutume vietnamienne, au 15ème jour du 7ème mois lunaire, érigent un autel à la mémoire des défunts et font aumône aux pauvres.
C'est ainsi que la fête du Vu Lan devient la fête des Mères pour les Vietnamiens.
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